Pierre Mottet : « Nous faisons ce que nous demandons aux autres : nous unissons nos forces en Wallonie »
AKT for Wallonia est la nouvelle organisation wallonne des entreprises. Le patronat wallon veut s’inspirer de l’exemple flamand en rapprochant les Chambres de commerce et le groupement d’intérêt des entreprises wallonnes. Désormais, ils sortiront ensemble sous le nouveau nom d’AKT. Nous avons demandé à Pierre Mottet, président d’AKT, et à Rudy Provoost, président du Voka, comment les choses se passent.
Que signifie le nom AKT for Wallonia ?
Pierre Mottet – AKT, c’est le nom de l’alliance de l’Union Wallonne des Entreprises et des 5 Chambres de Commerce et d’Industrie wallonnes. Nous avons décidé d’unir nos destins pour former une communauté dynamique pour toutes les entreprises wallonnes. Ce nom symbolise notre projet qui se construit sur ce qui rassemble : l’action.
Nous sommes partis du constat que face à l’ampleur des défis que doit relever la Wallonie, nous avons besoin de l’énergie et de toutes les bonnes volontés pour inventer son avenir et assurer la croissance de son économie et de son industrie.
Ce qui est vrai pour la Wallonie, l’est aussi pour les entreprises wallonnes. Voilà pourquoi nous commençons à faire nous-mêmes ce que nous demandons aux autres : mettre en commun nos complémentarités plutôt que disperser nos énergies.
AKT, c’est l’alliance de l’ancrage local et de la force de frappe régionale pour mieux faire entendre une voix entrepreneuriale déterminée, ancrée et représentative.
N’oublions pas qu’AKT, ce sont aussi 24 fédérations sectorielles membres. Et que nous sommes une plaque tournante hyperconnectée du monde entrepreneurial wallon avec les autres organisations d’entreprises que sont le VOKA et la FEB, les partenaires sociaux et environnementaux, et le reste de la société.
Comment le Voka perçoit-il le processus de renouvellement du paysage patronal wallon ?
Rudy Provoost – Je suis fan du dynamisme que l’on observe actuellement dans le paysage entrepreneurial wallon. La création d’AKT for Wallonia est un grand pas en avant. Les forces se conjuguent pour mieux défendre les intérêts des entreprises en Wallonie. On ne peut pas être contre cette initiative.
Unir les forces, c’est exactement la réforme mise également en œuvre par le Voka, voici presque 20 ans maintenant. Si je peux prodiguer un conseil émanant de mon expérience avec Voka, c’est le suivant : “prenez votre temps”. Un tel processus de changement ne se fait pas du jour au lendemain. Changer les structures est la première étape en orientant tout le monde vers une même nouvelle voie. Cette étape demandera le plus d’énergie. Evidemment, nous partagerons nos expériences et guiderons volontiers nos amis wallons dans cette aventure passionnante lorsque cela s’avèrera nécessaire.
Pourquoi AKT for Wallonia est-il bon pour les entreprises wallonnes ?
PM – Notre mission est claire : créer un environnement favorable à l’entrepreneuriat, où les idées peuvent s’épanouir, où les entreprises peuvent croître pour, ensemble, construire une Wallonie prospère et durable.
Nous sommes là pour soutenir les entreprises à chaque étape de leur parcours, que ce soit en fournissant des conseils et services, en portant la voix des entreprises dans le débat public et politique ou en offrant des opportunités de réseautage et de collaboration. Car nous sommes intimement convaincus que lorsque les entreprises prospèrent et innovent, c’est toute la société qui grandit.
Quelle est l’importance d’une économie wallonne forte pour la Flandre ?
RP – La Flandre et la Wallonie sont les principaux partenaires commerciaux l’une de l’autre. Les deux régions bénéficieraient de l’amélioration des performances économiques de l’autre région. Cela créerait d’importantes retombées économiques qui profiteraient à tout le monde.
De nombreuses entreprises ont des succursales dans tout le pays. Elles peuvent témoigner directement des différences entre les deux parties du pays. Et non, il n’est pas toujours vrai qu’il est préférable de faire des affaires en Flandre qu’en Wallonie. Chaque région a ses atouts. Il est important de les mettre en valeur afin de susciter l’intérêt des investisseurs pour notre pays.
À mon avis, la meilleure façon de croître économiquement est que chaque région puisse mener une politique spécifique axée sur des solutions à ses propres problèmes, qui sont différents en Flandre et en Wallonie.
Où voyez-vous la Wallonie dans 5 ans ?
PM – Dans la Déclaration de politique régionale du nouveau Gouvernement wallon, les entreprises et leurs collaborateurs sont considérés comme des moteurs de la transformation de la Wallonie. Si cette déclaration est suivie des actes annoncés, dans 5 ans, j’espère une Wallonie qui aura pris son destin en main et mobilisé ses talents. Une Wallonie qui aura renforcé son tissu économique et industriel et soutenu les entreprises pour accélérer la transition. Une Wallonie avec une action publique efficace, des structures et procédures simplifiées mais aussi une situation budgétaire sous contrôle. Nous sommes d’ores et déjà mobilisés pour coconstruire cette vision de la Wallonie.
RP – Je suis positivement surpris par l’ambition affichée par le nouveau Gouvernement wallon. La priorité absolue doit être de relancer enfin les performances économiques. Ce nouveau Gouvernement wallon a la possibilité de modifier fondamentalement les politiques pour renforcer l’économie. Ces politiques peuvent être améliorées dans de nombreux domaines mais l’accent doit être mis sur le renforcement du secteur privé.
Par ailleurs, l’innovation n’est pas freinée par les frontières régionales. Pourquoi ne pas collaborer en matière d’innovation et de groupements industriels au-delà des frontières linguistiques et régionales ? Nos entreprises industrielles partagent les mêmes défis. Faisons preuve de la même ardeur à trouver des solutions ensemble.
En Wallonie, les exemples de réussite ne manquent pas. Certaines régions sont excessivement performantes, comme celle du Brabant wallon. Il faut mettre l’accent sur ces régions et essayer de copier les recettes du succès. Il n’y a aucune raison pour que la Wallonie n’ait pas un bel avenir devant elle.
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AKT remercie le Voka d’avoir réalisé et partagé l’interview dont résulte cet article.
